Quand un matin, Ramon, brillant avocat, a du mal à articuler, il ne s’imagine pas que sa vie va changer brutalement. Sa langue tuméfiée est le signe d’un cancer déjà avancé et d’un cas rare qui fait briller les yeux et les ambitions d’Aldama, son médecin, qui y voit l’occasion de se faire un nom dans la communauté scientifique. Une glossectomie plus tard, voilà Ramon réduit à partager ses journées avec Elodia, son employée de maison. Laquelle a eu l’idée saugrenue d’offrir à son patron devenu muet un perroquet pelé mais parleur, fin connaisseur en matière d’injures. Carmela veut se débarrasser de l’oiseau pouilleux, au grand dam de Ramon qui négocie un compromis : il accepte d’aller voir un psychiatre s’il peut garder l’oiseau. Et c’est à Teresa, psychiatre qui ne suit que des malades ou anciens malades atteints de cancer qu’il est adressé. Face à ce corps qui le lâche et observant la vie qu’il a bâtie partir à vau-l’eau, Ramon décide de passer le temps qu’il lui reste à organiser sa mort.
A l’image de l’effet que peut provoquer le battement d’ailes d’un papillon à l’autre bout de la planète, la tumeur qui s’est développée dans la langue de Ramon va changer plus d’une vie, ébranler quelques convictions, susciter rêves et déceptions. Avec une érudition et un humour justement dosés, Jorge Comensal explore les rêves avortés, les blessures mal refermées, les failles si bien camouflées, les solitudes des uns et des autres que le cancer de Ramon ne parvient pas vraiment à rassembler. Un premier roman jubilatoire, étonnant, teinté de cette forme d’onirisme si particulier à la littérature latino-américaine.
Les mutations de Jorge Comensal (traduit de l’espagnol (Mexique) par Isabelle Gugnon). Editions Les Escales/ août 2019.
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Oh mais que ça donne envie !
Je l’ai découvert avec grand plaisir. Il y a un souffle particulier, un peu étrange, un peu fantasque qui plane au-dessus.
Ça, ça me plaît !!
eh ben moi j’ai envie de dire : encore un bouquin sur le cancer! !!
Ah oui je n’y avais pas pensé car je l’ai lu bien avant de connaître le thème du dernier Chalandon (que je n’ai pas encore lu).